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Stèle 1914-1918 - ancienne maison communale d'Ernonheid
(cliquez sur la photo pour la voir en plein écran)

11.2 Monuments aux Morts

adresse:
Ernonheid-village
Histoire:

STELE 14-18 

Sur le mur de l'ancienne maison communale d’Ernonheid


Inscription sur la stèle :

N’OUBLIONS JAMAIS

1914 – 1918

COMMUNE D’ERNONHEID

EST MORT POUR LA PATRIE

NICOLAY ALPHONSE

TOMBE POUR LA PATRIE

A OSKERK LE 15.11.17

_______________

LA NUIT DU 17 AU 18 AOÛT 1914

LES ALLEMANDS ONT INCENDIE

14 MAISONS



NUIT D’AOUT 1914 A ERNONHEID

Madame Maria Lambotte, de Werbomont, rappelle les souvenirs rapportés dans sa famille par ceux et celles qui, jamais, n’ont pu oublier l’atrocité vécue en ce mois d’août 1914:

« Août 14… Un soldat allemand fait boire ses chevaux à une fontaine. Il a sommé le père de ma mère de lui trouver un point d’eau. On est à Grand-Trixhe. De là, il désigne Ernonheid en hochant la tête : « mauvais là, mauvais ! ». Le soldat sait et réprouve la cruauté de l’armée qui y cantonne. Une nuit de terreur viendra confirmer ses dires.

D’autre part, un cordonnier d’Ernonheid, Victor Wuidar, venu à Grand-Trixhe, se presse de rentrer. Une rumeur dit que l’occupant saisit le bétail où il passe. Il faut que sa femme n’hésite pas à donner les bêtes, si cela se présentait.

On a peur. Le soir du 18 août, la brute se déchaîne, une armée bestiale qui cogne aux portes des logis.

Tante Elise, 17 ans à l’époque, m’a confié ce qu’elle vécut cette nuit-là. Grand-père n’est pas encore couché, il passe la soirée avec un voisin ; ils sont mis dehors. Grand-mère et les enfants sont tirés de leur sommeil. Sur le seuil, grand-mère pousse un cri : « Victor ! ». Grand-père est attaché à la roue d’un char allemand, au pied des chevaux. Alors un soldat lui porte un coup de sabre qui le blesse au visage. Grand-mère, qui attend un bébé, prendra la route, soutenue par ses deux filles, Elise et Lucie.

Du chemin parallèle montent des villageois. Les devançant dans l’épouvante, s’en viennent les gens du Faweux, dont deux petits vieux, les « Martin », qui se soutiennent péniblement. Au mur de l’école, l’armée aligne tout ce petit monde et, plusieurs fois, épaule et met en joue, jeu ignoble et cruel, puis dépose les fusils. Ensuite, un soldat hurle : « Tous à l’église ! ». Emmenés sous bonne escorte, les malheureux rencontrent, dans le petit chemin de chez Kersten, monsieur le Curé, les mains liées dans le dos. Le jeune abbé Hansenne connaît l’allemand et saisit d’emblée qu’ils veulent un massacre. Ils sont introduits dans l’église. Un soldat jette alors une gerbe de paille à l’intérieur de l’édifice… épouvante des villageois !

Parmi ceux que l’on achemine… un cri ! C’est l’horreur. « Ils ont pindou m’papa ! », c’est Maria Wuidar qui crie son malheur. Mettant à mort l’époux, le père, allaient-ils sévir à nouveau ? Commence alors une attente affreuse dans la prière. Monsieur le Curé distribue la Sainte Communion.Ils embraseront le village… Les lueurs dans la nuit jettent les mamans aux pieds des soldats : « les petits ! »

C’est ainsi que grand-mère Hortense, l’épouse de Jean Strée et une maman du Faweux, flanquées chacune d’un Allemand, baïonnette au poing, purent sauver leurs enfants

A sept ans, mon père traversera le village avec sa maman et son petit frère, alors que les poutres du toit de chez Lahaye crépitent sous les flammes. Il gardera en mémoire la vision du jeune prêtre qui pleure, la tête sur le banc de communion.

La maison d’Hortense commence à brûler ? Elle a le temps de sauver François, trois ans, et ses grandes sœurs, Séraphine, sept ans, et Maria, cinq ans. Elle remet d’abord son petit François dans les bras d’un soldat, pour prendre une couverture à l’étage, puis, craignant pour le bambin, elle se ressaisit… elle l’enveloppe dans des rideaux, avec pour toute clarté, la lueur des flammes. Pendant ce temps, l’escalier prend feu : il faut fuir. François se souviendra d’avoir été déposé sur un coussin d’acolyte, auprès d’un petit camarade, Emile Dewère, couché de la même façon dans le chœur de l’église.

Un vieillard, du nom de Houssonloge, vocifère, miné par la peur et arpente l’église, ce qui fait croître l’effroi car, tout au fond, la sentinelle veille sur le troupeau. Le vieux, s’agitant de plus belle, ajoute à l’angoisse.

A l’aube, le relais de ces meurtriers plonge dans le même décor tous ces malheureux prisonniers. Cependant, dans la matinée, les troupes du Kaiser partiront et cette meute déchaînée aura brûlé quatorze des dix-huit maisons que comptait le village.

Il serait arrivé un contrordre. Les Allemands devaient partir immédiatement… Les Français arriveraient-ils pour aider les Belges ?

Et quand plus rien ne se passe, certains se hasardent à sortir. Dans le village marqué par une nuit d’horreur déambulent d’autres villageois ; ceux-là qui ont pu déjouer l’ennemi et s’enfuir dans les bois, terrés toute la nuit, pour la plupart dans le chemin creux « Le grand hôra ».

Quand les anciens relataient la nuit tragique, ils disaient : « c’est Monsieur le Curé qui nous a sauvés ! » Le calme, la bonté du pasteur et sa connaissance du germanique a pu empêcher le massacre.

Les émeutes avaient débuté en haut du village. Marie Bodson, fille d’Adolphe et de Florentine Barras, m’avait confié ses souvenirs. Elle avait six ans à l’époque. Ils avaient d’abord commencé à mettre le feu à la maison de sa grand-mère paternelle. Adolphe court chercher sa maman et, avec ses voisins, parvient à éteindre le feu, ce qui ne plait pas aux Allemands qui se déchaînent. Ils entrent dans la maison d’Adolphe et lui lient les mains dans le dos. Certains habitants sont attachés deux par deux. Ils les font marcher et se fâchent quand ils tombent. Ils vont jusqu’à lier les deux petites Adèle et Fanie Wuidar à la roue d’un char, puis ils les délient. Leur père sera pendu. Il avait cherché à entreposer des vivres, aidé de Jean Strée, en creusant une cachette dans la forêt. La famille habitait à l’orée du bois. C’est en allant rechercher des victuailles qu’il fut pris pour un espion, près du cimetière, non loin de sa maison. Les allemands prétendaient, d’autre part, qu’il avait tué un soldat. Il fut pendu à un sapin. Ils alignèrent des hommes en menaçant de tirer dans le tas. Certains, dont le père de Marie, seront attachés aux roues d’une charrette, pour qu’ils ne puissent s’enfuir. On les oblige à regarder le pendu tout en leur répétant : « A votre tour, tantôt à votre tour… ». Puis les Allemands emmenèrent Adolphe qu’ils relâchent peu après. Comme beaucoup d’autres, il sera enfermé dans l’église, ainsi que ses deux sœurs, Herminie et Marie. Florentine, son épouse, s’enfuit avec ses enfants, dont Marie et deux petites voisines au ruisseau du « Pourceau Pré », dans le fond du « Rahis ». Pieds nus, pas le temps de s’habiller et trois des enfants ont la coqueluche… Le petit René, du fond du Rahis, appelle : « Papa, papa » ; il faut lui mettre la main sur la bouche pour ne pas attirer l’attention.

PHOTO MAISON

En légende : La maison actuellement Bodson-Jacquemin Nestor du temps de ses grands-parents.

Ils sont à plusieurs familles dans les bois, tous bien terrés. Florentine ne verra personne. Puis le village flambe. Il y a un bruit effarant tout proche. C’est un cheval, effrayé par le feu, qui fonce au galop à travers bois. Par de grands détours, en matinée, Florentine quitte le bois et repasse la route, à la croix d’Ogné, pour remonter avec les enfants chez les Evrard, à Grand-Trixhe. Madame Evrard les réconforte, les fait manger et donne des habits de son fils pour les enfants. Leurs vêtements ont été mis très à mal dans cette nuit épouvantable.

C’est à seize heures que Florentine rentre à Ernonheid, ne sachant rien des siens.

On sentait le brûlé, la fumée. Même le bétail avait brûlé dans les étables. A l’entrée du village, Marie s’écrie : « Mame, on pindou ! ». Victor Wuidar pend à un sapin, un mouchoir rouge à carreau lui serre le cou.

Adolphe est soulagé de revoir les siens. Le bruit courait que les Allemands les avaient emmenés. Par ailleurs, un couple de Grand-Trixhe, qui allait à la soirée chez des amis à Ernonheid, avait été prié de conduire jusqu’à My, une charrette à bras… dessus, une forme sous une couverture… Ils prétendaient qu’on leur avait tué un homme. Etait-ce un vrai cadavre ou une farce de très mauvais goût ? Des souliers dépassaient. Les pauvres gens furent relâchés à My et purent rentrer chez eux.

Victime de cette terrible nuit, Victor Wuidar était surnommé « li grand cwèpi ». il avait quatre filles. L’aînée, Valérie, était servante à la ferme du Faweux. Maria, la deuxième, était enfermée dans l’église. La maman s’était sauvée dans le bois avec les deux petites, Adèle et Fanie.

Des écrits, taillés dans la pierre sur le mur de l’école, commémorent cette affreuse nuit. »

Témoignage de Mme Maria Lambotte, de Werbomont,

in René HENRY La Petite Gazette du Vlan-Les Annonces des 5 et 19 août 2009.

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